L'escalier de l'être 2021
La présence des forêts est très importante au Japon puisqu’elles couvrent près des deux tiers du territoire. L’assimilation de la montagne à un espace boisé est une réalité géographique qui se retrouve dans une réalité culturelle, comme le laisse entendre le mot japonais yama qui a le double sens de «montagne» et de «forêt».
Je ne sais pas si la réalité géographique, mêlant forêts et montagnes et dont résultent les paysages traversés par des chemins en escaliers, s’exprime aussi dans l’imaginaire nippon.
En occident, l’escalier est porteur d’un symbolisme extrêmement riche. Nombreuses sont les mythologies qui voient dans l’escalier une possibilité de communication entre Ciel, Terre et Enfer. L’escalier, avec ses ruptures de niveaux symbolise le passage d’un mode d’être à un autre, dans une progression.
L’ imaginaire des escaliers, mêlé aux souvenirs des chemins escarpés de Kumano Kodo a inspiré les peintures présentées ici.
Les peintures sont des images où souvent le marcheur ne peut pas voir le débouché du chemin. Elles montrent la progression dans la profondeur de la forêt en même temps que l’élévation dans la montagne.
La forêt y est suggérée de manière « atmosphérique », parfois même comme un brouillard dense et coloré où sont immergés les escaliers. Les marches apparaissent comme un empilement de formes cubiques, quasi chaotique.
Les peintures d’escaliers forment le troisième volet d’une restitution des impressions du voyage de mai 2019, sur les chemins de Kumano Kodo. Le premier volet était consacré à la traversée des forêts et le deuxième aux horizons de la mer de Seto. Ensemble, ils forment un projet d’exposition au musée de Kumano Kodo à Tanabe, au Japon.